Louis Sutal, Panne dans l’espace (SF)
Louis Sutal
Panne dans l’espace
Montréal, Paulines (Jeunesse-Pop, n˚ 30), 1977, 105 p.
Fuyant la planète Err-Hêt, François, Eksk-Hiz et Akk-Tiph ont une panne qui les force à poser leur vais seau sur une planète inconnue. D’abord capturés par les Rellik ils sont repris par les Rerethguals, ennemis des premiers. Ils sont emmenés dans leur cité et découvrent une société austère et inhumaine, dominée par un gouvernement autoritaire. Conscrits dans l’armée, les trois amis s’allient avec des prisonniers, les font s’évader, et rejoignent avec eux un groupe de résistants, dans une ancienne cité en ruines. Celle-ci ayant joui autrefois d’un haut niveau de technologie, les trois naufragés peuvent y trouver une pièce pour réparer leur vaisseau
La société qui nous est décrite, celle des Rerethguals, fait très « cliché ». L’auteur y dénonce un totalitarisme qui, pour être stéréotypé, n’en est pas moins convenablement esquissé. L’opposition des résistants est assez manichéiste, voire simpliste.au point de nous laisser dans l’incertitude quant à l’identité de ces rebelles. Quant aux extraterrestres rencontrés sur cette nouvelle planète. Ils sont aussi peu remarquables que ceux que Sutal nous présente habituellement : rien ne les distingue des humains, et on peut déplorer là l’absence d’un effort d’imagination. La mentalité de ces extraterrestres n’est jamais qu’une copie conforme de la nôtre, mais en plus simpliste. Le thème du naufrage sur une planète inconnue et la rencontre d’une société divisée en deux clans, l’un totalitaire, l’autre pacifiste, n’ont rien de bien originaire roman n’apporte rien de neuf, et on y retrouve la traditionnelle civilisation ancienne et supérieure anéantie par la guerre nucléaire.
L’histoire est donc bien ordinaire. L’intrigue est lente à démarrer ; les longueurs du premier quart du récit ont pour contrepartie un dénouement bâclé. Il y beaucoup de répétitions et de verbiage inutiles, surtout au début, et les dialogues sont parfois insipides. Vers la fin, la mention du mode de vie des Amérindiens en Nouvelle-France est tout à fait hors de propos et on se demande ce qu’elle fait là. La conclusion nous laisse deviner que le prochain épisode nous décrira les aventures de Paul resté sur Terre. La vraisemblance laisse à désirer : on sent qu’il manque un travail d’approfondissement par lequel l’auteur aurait pu enrichir et rendre plus captivant son récit. Les données scientifiques et techniques ne sont pas très solides, quoique le mode de déplacement du vaisseau spatial offre quelqu’ingéniosité. Cependant on a des doutes quant aux notions astronomiques de l’auteur, qui nous ballade gaiement d’une galaxie à l’autre et place des planètes solitaires en plein vide intergalactique. La personnalité des héros, surtout François, est assez bien évoquée, mais elle est un peu simpliste et manque de naturel ; les soudaines préoccupations pacifistes et écologistes de François laissent l’impression qu’elles sont gratuites. Du reste, la présence de ce colon du XVIIe, gardé jeune artificiellement, à l’aise dans une technologie avancée, m’a toujours laissé sceptique. Le style est bon, quoique l’emploi constant du présent me laisse toujours mal à l’aise. Les illustrations comme l’écriture, sont correctes, sans plus.
POUR LES 10-14 ANS.
Alain LORTIE