Sci-Néma 178
Christian Sauvé
Exclusif au Volet en ligne (Adobe Acrobat, 1.17Mo) de Solaris 178, Printemps 2011
Invasions extraterrestres : rapport trimestriel
Tel que signalé dans la chronique «Sci-néma» du numéro précédent, Hollywood semble avoir redécouvert l’extraterrestre, surtout par sa fonction d’envahisseur de notre planète. Près d’une douzaine de films mettant en vedette des aliens dans un cadre contemporain déferlent sur les écrans depuis la fin de 2010, et continueront de le faire pendant l’année 2011.
Parfois, le thème est un prétexte pour parler de tout autre chose. Ainsi, même si on retrouve un sympathique protagoniste extraterrestre dans I am Number Four [Numéro Quatre], cette mise en situation n’est qu’une excuse pour proposer un film bas de gamme pour adolescents, avec poursuites et pouvoirs magiques. I am Number Four s’est surtout fait remarquer par la franchise de ses visées mercantiles. Le film est adapté d’un roman écrit par «l’usine d’écrivains» de l’infâme James Frey, qui avoue candidement son intention de subordonner la création au marketing, tout ceci dans le but de créer une franchise cinématographique génératrice de profit. Le résultat décidément médiocre au box-office démontre que ce n’est pas parce qu’un film est assemblé de toutes pièces pour récolter les dollars qu’il accomplira son objectif. Quant à la satisfaction du critique…
Le thème se prête aussi à d’autres genres. On sait qu’un film mettant en vedette le duo Nick Frost/Simon Pegg (Shaun of the Dead) sera une comédie. C’est ce qui se passe dans Paul [v.o.a.], où d’authentiques geeks rencontrent un authentique extraterrestre gray… sauf que celui-ci s’avère sympathique, bavard, familier, voire même un peu mal élevé. Leur road trip à partir de la Comic-Con californienne s’avère riche en péripéties. Les rires sont au rendez-vous, même si on peut regretter les gags grossiers et les références faciles au cinéma SF. On peut surtout penser que les protagonistes sont un peu vieux pour jouer des adolescents attardés. Ces aspects mis à part, Paul reste tout de même un contrepoids sans prétention et bon enfant à tous les autres films d’invasion extraterrestre qui ne pourraient pas se prendre plus au sérieux.
Battle : Los Angeles [Mission : Los Angeles], par exemple. Un film qui n’est rien de moins qu’une tentative d’adapter un bon vieux film de guerre américain à des ennemis non-humains. Black Hawk Down contre des envahisseurs d’un autre monde, en quelque sorte. Il va sans dire que ce n’est pas une prémisse scientifiquement soutenable. Le scénario n’explique pas beaucoup de choses, mais chaque tentative de rationalisation ne fait que nuire à sa crédibilité. Proposer que les extraterrestres aient fait tout ce chemin pour notre eau démontre une ignorance impardonnable de principes scientifiques élémentaires, à commencer par le fait qu’il serait beaucoup plus efficace pour eux de miner des comètes. Les voir se battre en pleine rue comme des fantassins suppose que ceux-ci ignorent comment utiliser des armes de destruction massive, ou encore comment détourner un astéroïde, tel qu’illustré dans le roman Lucifer’s Hammerdu duo Niven/Pournelle – le tsunami japonais est un exemple réel des conséquences possibles d’une telle stratégie. Et ne disons rien des failles du système de coordination extraterrestre – des failles que les armées contemporaines sont déjà entraînées à éviter.
Sans doute est-il plus juste de reconnaître que la rationalisation de l’invasion n’est pas en soit la raison d’être de Battle Los Angeles, qui vise à montrer de vaillants soldats américains défendant leur territoire contre de redoutables ennemis. L’important, ce sont les combats, les explosions, les fusillades et le triomphe de la vision du monde américaine. à cet égard, les objectifs sont atteints. Peu importe si le scénario est repiqué de tant d’autres films de guerre ; peu importe si le ton est triomphaliste ; peu importe si la caméra ne cesse de sautiller partout sans fournir de contexte visuel. Les extraterrestres se font détruire, aucune tentative n’est faite pour les rendre sympathiques et les survivants humains sont victorieux. Ce n’est guère subtil comme recette, et pourtant ça fonctionne. Comparé à des contre-exemples tels Skyline et Monsters, Battle : Los Angeles montre pourquoi il est préférable d’être tonitruant et triomphant. Le film a beau être vide sur le plan de la profondeur ou de l’originalité, il laisse pourtant le sentiment d’avoir vu une histoire bien bouclée. En tant que tel, Battle : Los Angeles s’élève avec compétence au degré zéro du divertissement cinématographique, ce qui n’est pas aussi fréquent qu’on puisse le supposer.
Il faut regarder ailleurs pour comprendre les raisons qui poussent présentement l’industrie hollywoodienne à s’intéresser autant aux invasions extraterrestres. L’hypothèse la plus intéressante trouve une résonance historique dans la genèse de La Guerre des Mondes de H. G. Wells – qui écrivait au sujet du colonialisme victorien et du déclin inévitable de l’empire britannique. Assiste-t-on à une transposition des multiples chocs encaissés par les états-Unis durant l’ère Bush dans un cadre science-fictionnel ? Doit-on s’interroger sur le déclin déjà amorcé de l’impérialisme américain, confronté à des forces supérieures venues d’ailleurs ? La facture visuelle de Battle : Los Angeles évoque les actualités en provenance de Bagdad, même si le scénario ne semble pas prendre conscience de l’analogie.
Peut-être est-il plus utile d’aller voir au vidéoclub pour un film un peu plus astucieux à ce sujet. Lorsque Monsters [Monstres] est paru en salle à l’automne 2010, il a rapidement été oublié. Méditatif, déprimant, peu cohérent sur le plan narratif, le premier film du scénariste/réalisateur britannique Gareth Edwards n’a rien pour plaire au grand public. Même pour l’amateur de genre, c’est une œuvre plus facile à admirer qu’à apprécier. Et pourtant c’est sans doute le film d’invasion extraterrestre le plus résolument moderne des quatre examinés dans ce rapport trimestriel. Entre autres particularités, Monsters commence des années après l’invasion : des spores ramenées de l’espace ont rendu le nord du Mexique dangereux pour les humains, un parasite extraterrestre s’étant disséminé dans l’écosystème de la région. Apparemment résistante aux attaques humaines, l’infestation a forcé la création d’une zone de quarantaine, délimitée par un gigantesque mur séparant le Mexique des états-Unis qui prend au piège deux ressortissants américains immobilisés au sud de la frontière. Le film décrit leur périple de retour à la maison, et ce qu’ils voient en cours de chemin.
Ce court résumé suffit à évoquer des notions de xénophobie et de paranoïa. Monsters tire ses racines métaphoriques de thèmes environnementaux et médicaux, donnant au film un ton résigné, fataliste. Les meilleures intentions ne sont pas récompensées, les monstres ne peuvent être terrassés et les protagonistes n’échappent pas aux accidents du sort. Ce n’est certainement pas une partie de plaisir à regarder.
Réalisé avec des techniques d’improvisation et un budget de misère – un demi-million de dollars, ce qui est comparable et même inférieur à bien des productions québécoises –, l’œuvre présente des images superbes et des effets spéciaux forts réussis. Mais le film n’échappe pas à certains défauts des productions à budget étriqué. Le scénario n’est pas toujours bien ficelé ; plusieurs scènes traînent en longueur ; les acteurs sont un peu agaçants. Il ne résiste pas toujours la réflexion critique : les créatures à leur stade adulte sont beaucoup trop grosses pour éviter la destruction. N’empêche, Monsters a une certaine maturité rafraîchissante, et l’originalité des lieux n’est pas déplaisante. Gareth Edwards possède désormais une carte de visite plutôt étonnante pour un cinéaste qui en est à ses toutes premières armes, et le résultat a de quoi faire de lui un autre nouveau réalisateur de SF, à surveiller dans la foulée de Neill Blomkamp et Duncan Jones.
En attendant, la parade cinématographique d’invasions extraterrestres se poursuit. D’ici quelques mois, il y aura de quoi s’intéresser à Apollo 18, Super 8, Cowboys & Aliens, The Darkest Hour ou encore The Thing : prévoyez d’autres rapports trimestriels…
Drive Angry
Le lectorat de Solaris est, presque par définition, l’auditoire cible pour le genre de divertissement représenté par Drive Angry [Conduite infernale]. Voici un film d’exploitation surnaturelle, qui mélange mythologie, action, sex-appeal, surenchère d’effets spéciaux et manque total d’inhibition. Nicolas Cage en grand-père protecteur évadé de l’enfer ? Une séquence de fusillade en pleins ébats amoureux ? Un camion de transport d’hydrogène virevoltant au-dessus d’un barrage policier ? Des occultistes voulant sacrifier un nouveau-né à leur faux dieu ? Ne manque plus que la 3D à cette série B gonflée aux stéroïdes, et c’est effectivement ce que livre le réalisateur Patrick Lussier.
Mais bon : la 3D a perdu de ses attraits depuis deux ans et ne peut plus être une fin en soi. La véritable question est de savoir si le film correspond aux attentes de ceux qui en ont, ou s’il parvient à divertir ceux qui n’en ont pas. Une des conséquences de la montée du «segment démographique geek », celui qui se déplace en grand nombre dans les Comic-Con, est que des films sont maintenant conçus de toutes pièces pour être «cultes», par des producteurs convaincus qu’il suffira de la bonne séquence de mots-clés sur Internet pour attirer le public cible.
Hélas, l’accumulation des poncifs du cinéma d’exploitation ne réussit pas à sauver Drive Angry d’un léger sentiment d’ennui. Le résultat semble tout simplement trop ordinaire. Nicolas Cage semble bien sage dans sa performance, et ce malgré son état d’immortel cherchant à protéger sa descendance. C’est toujours un plaisir de voir William Fichtner à l’écran, mais on ne lui donne pas beaucoup de matériel – les dialogues du film sont ordinaires au point qu’on creuse sa mémoire en vain pour des citations marquantes. La fusillade en pleine scène intime aurait pu être divertissante – si ce n’est que la même idée se retrouve dans le tout récent Shoot’em Up, en plus réussie. On pourrait soutenir que Shoot’em Up réussit à remplir ses objectifs dans le sous-genre des œuvres destinées aux geeks d’action, alors que Drive Angry les laisse sur sa faim.
La cinématographie blafarde du film n’aide en rien pour en rehausser l’attrait, et pour la vaste majorité des cinéphiles qui verront le film en deux dimensions, les effets 3D semblent surfaits, voire inutiles. En revanche, ceux qui en ont assez du montage épileptique de nombreux films d’action récents seront contents de noter que les films tournés en 3D semblent privilégier un montage moins saccadé, fort probablement pour diminuer les maux de têtes causés par des ajustements optiques trop rapides. Surveillez Transformers 3 plus tard en 2011 pour voir Michael Bay tenter de s’y adapter.
The Adjustment Bureau
Les adaptations cinématographiques des nouvelles de Philip K. Dick continuent de pulluler au grand écran, et le scénariste/réalisateur George Nolfi y va de la sienne avec The Adjustment Bureau [Bureau de contrôle], film très librement inspiré de la nouvelle «Adjustment Team» [«Rajustement»]. Comme dans le cas de plusieurs adaptations de nouvelles de Philip K. Dick, seule l’idée principale a survécu… ce qui ne signifie pas qu’il faille condamner le résultat.
L’intrigue tourne autour de David Norris, un jeune politicien ambitieux de la ville de New York qui essuie une défaite cuisante au début du film. Il rencontre une ravissante danseuse qui l’incite à faire un discours de concession qui pave la voie de son retour éventuel. Mais lorsqu’il revoit par hasard la même femme trois ans plus tard, il finit par s’apercevoir de la présence de mystérieux «ajusteurs» qui façonnent subtilement la nature de la réalité, guidant individus et société vers un futur dont eux seuls connaissent le plan. Quand notre protagoniste décide de revoir la danseuse, il change le plan tracé pour lui et s’expose aux foudres des ajusteurs…
Plusieurs éléments distinguent The Adjustment Bureau d’autres films de SF récents. Le plus important est sans doute son approche relativement terre à terre. Cette œuvre qui se situe dans un monde bien contemporain n’utilise pas beaucoup d’effets spéciaux. La seule séquence spectaculaire est à la toute fin, et relève plutôt de l’insolite que du spectacle à grand déploiement. Nonobstant une paire d’accidents automobiles sans graves conséquences, The Adjustment Bureau est par ailleurs nettement moins violent que ce à quoi on pourrait s’attendre d’un thriller SF contemporain.
Une bonne partie des mérites du film dépend de l’interaction entre Matt Damon et Emily Blunt dans les rôles principaux, avec un peu d’aide de la part de John Slattery. La réalisation relativement sobre de Nolfi préconise les dialogues pour étoffer la partie SF – il est pertinent de souligner qu’il s’agit d’un scénariste qui réalise ici son premier film.
Si la première moitié du scénario n’est pas entièrement convaincante (une partie des pouvoirs des ajusteurs semble arbitraire : pourquoi se compliquent-ils la vie avec des peccadilles quand des moyens plus efficaces sont à leur disposition ?) et fait penser à une fable plutôt qu’à un film pleinement crédible, les choses s’améliorent et deviennent plus prenantes en deuxième moitié. Les failles de logique deviennent plus faciles à accepter, et le rythme s’accélère au point où l’on ne se pose plus trop de questions, le tout menant à une conclusion qui, sans trop compliquer les choses, est à la fois heureuse et méritée. Le résultat est un film tranquille, subtil et optimiste, combinaison que l’on ne retrouve plus très souvent au cinéma – habituellement plongé dans une surenchère d’effets spéciaux –, une contre-programmation rafraîchissante aux autres films de SF plus intenses les uns que les autres.
Chemin faisant, le film fait réfléchir sur les petits accidents de la vie qui finissent par définir un destin. Quelle est la part de libre arbitre et de choix personnels dans ce qui nous arrive ? Quelle est la véritable portée de simples décisions ? Comment peut-on conjuguer nos propres désirs à ce que les autres attendent de nous ? (Un des changements les plus astucieux de l’adaptation par rapport au texte d’origine est de faire du protagoniste un politicien – un homme potentiellement puissant, certes, mais vulnérable aux demandes de l’électorat, de médias et de conseillers convaincus de prendre des décisions pour son bien.) Ce ne sont pas de questions neuves, mais leur traitement semble frais et intelligent. Matt Damon a bien choisi son projet, et le tout laisse un bien bon souvenir. Que demander de plus ?
Passés inaperçus, maintenant disponibles
L’Internet Movie Database a recensé non moins de 2000 longs-métrages étiquetés «Science Fiction», «Fantasy» ou «Horreur» pour les années 2009-2010. La plupart de ces titres sont des projets non réalisés, des films à très petit budget à peine entrevus lors des festivals spécialisés, ou autres réalisations marginales que le non-obsédé ne verra jamais. Mais même en ne retenant que les films vus et cotés par plus de 10 000 personnes, imdb.com compile près de 101 films de genre en deux ans – presque assez pour voir un nouveau film de science-fiction et de fantastique par semaine.
Inutile de dire qu’avec ce débit, «Sci-néma» ne parvient pas à parler de tout ce qui doit être remarqué. Même en allant au cinéma à temps pour faire coïncider la critique avec la sortie du film en DVD, la chronique laisse passer des films intéressants. Profitons donc d’un moment pour signaler trois œuvres de 2009-2010 qui sont peut-être injustement passées inaperçues.
De la fin 2009, on retiendra Carriers [v.o.a.], un autre film post-apocalyptique se déroulant dans les ruines d’un monde décimé par une pandémie mortelle. Film de zombies sans zombies, le film débute peu après l’hécatombe et s’intéresse à quatre jeunes adultes qui tentent de rejoindre un endroit sûr tout en évitant les autres survivants susceptibles de les contaminer.
Rien de bien neuf, mais le film est tout de même réalisé avec une certaine efficacité. La structure épisodique de Carriers a des ratés occasionnels, mais elle permet aux frères scénaristes/réalisateurs Pastor d’explorer les lieux communs du genre en proposant leur propre interprétation. Nos survivants visitent un hôpital qui montre l’échec des efforts de vaccination ; passent par l’hôtel abritant des survivalistes bien préparés ; rencontrent des quidams dangereux sur les routes, etc. Des jeunes acteurs tenant les rôles principaux, on notera les performances de Piper Perabo et Chris Pine. à l’envers de Zombieland, Carriers est sombre, sinistre et dépourvu à la fois d’espoir et d’humour. Notons que beaucoup de personnages condamnés sont simplement abandonnés plutôt que tués violemment. (Appréciez la métaphore : le nouveau cauchemar américain n’est plus de se faire abattre, mais d’être laissé derrière par ceux qui ont un moyen de transport fonctionnel.) Quelques réflexions sur ce qui est nécessaire pour survivre en situations exceptionnelles ajoutent un peu de profondeur. Bref, le film durant à peine 85 minutes, le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer, pour peu qu’il ait un peu d’affinité pour la déprime post-apocalyptique à petit budget.
C’est aussi à ce type particulier de spectateur que s’adresse Resident Evil : Afterlife [Resident Evil : L’Au-delà], quatrième volet d’une série d’horreur et d’action qui a su continuer même après l’apocalypse du deuxième film. Volant allègrement du Japon à l’Alaska, d’une prison de Los Angeles à un navire stationné au large de la Californie, Afterlife parvient à faire surgir des scènes d’action, peu importe le lieu et les circonstances. Faut-il préciser que seuls les amateurs des trois premiers films profiteront pleinement du quatrième – reconnaissons que la série est parvenue à s’améliorer depuis le nadir du deuxième épisode, et que le retour à la réalisation de Paul W. S. Anderson a de quoi grandement rehausser le poli visuel du volet. Certaines scènes sont menées avec brio, et Milla Jovovich continue de s’amuser dans un rôle qui lui est désormais associé.
Ceci dit, il n’est pas tout à fait exact de prétendre que Resident Evil : Afterlife est passé inaperçu. Après tout, un des moments les plus divertissants du gala des Junos 2011 fut sans doute le «Golden Reel» décerné au film canadien ayant récolté le plus grand succès au box-office durant l’année précédente. à cause de son tournage à Toronto et des méandres de son financement, Resident Evil : Afterlife est en effet considéré comme une production canadienne et est donc devenu, grâce aux prix d’entrée des films en 3D, non seulement notre film le plus lucratif de 2010, mais le plus grand succès «canadien» de tous les temps (à condition de ne pas ajuster pour tenir compte de l’inflation) !
Ironie à l’érable mise à part, trois des films de la série Resident Evil restent relativement intéressants, et il est amusant de voir jusqu’à quel point le niveau d’intérêt SF de la série ne cesse de s’améliorer. Pour les fans… et ceux qui avaient cessé de porter attention après la détonation nucléaire sur laquelle s’était terminé le deuxième volet.
Pour finir, il serait dommage de passer sous silence Devil [Démon], un thriller surnaturel injustement ignoré lors de sa sortie à l’automne 2010. Comme la cote de M. Night Shyamalan a beaucoup chuté depuis quelques années, son association avec Devil (il a conçu l’histoire et produit le film, mais n’a pas directement touché ni au scénario ni à la réalisation) a peut-être convaincu certains de faire un détour prudent. Dommage car il s’agit d’un thriller surnaturel modeste mais bien exécuté.
Une bonne partie de l’intrigue se déroule dans un ascenseur où sont coincées cinq personnes. Rapidement, la claustrophobie dégénère en horreur lorsqu’un des passagers est blessé par morsure pendant une panne de courant, puis un autre a la gorge sectionnée par un morceau de miroir brisé. Tandis que, à l’extérieur de l’ascenseur, policiers et travailleurs tentent d’éclaircir le mystère, les prisonniers meurent un à la suite de l’autre… les indices s’accumulant pour suggérer qu’un d’entre eux est de nature démoniaque.
L’idée à connotation religieuse et le lourd côté moralisateur de la conclusion sont à prendre ou à laisser, mais le scénario de Brian Nelson et la réalisation de John Erick Dowdle (qui s’était fait remarquer pour son travail sur Quarantine) accomplissent beaucoup avec des moyens limités. L’atmosphère est sombre à souhait et la sensation de claustrophobie est convaincante – il le faut car, avouons-le, quoi de plus ridicule comme concept qu’un meurtrier inconnu à l’intérieur d’un ascenseur ? Il est rafraîchissant de voir que ce film coté PG-13 n’insiste pas sur la violence sanglante, préférant suggérer le carnage et laisser notre imagination faire le reste. Cette approche classique participe au charme horrifique du résultat : Devil mène les choses avec compétence, et récolte les bénéfices d’un peu de retenue. Sans crier au génie, il est rassurant de constater qu’il y a encore des créateurs à Hollywood qui savent concocter un film de genre fait selon les bonnes vieilles normes. Il y a de bien pires exemples de films fantastiques à budgets beaucoup plus élevés, qu’on se le dise.
Mise à jour: Avril 2011 –