Right to Know, de Edward Willett (SF)
Edward Willett
Right to Know
Ottawa, Bundoran Press, 2013, 221 p.
Arthur Stoddard est un annonceur de nouvelles à bord d’un astronef multi-générationnel où il ne se passe jamais rien. Parti de la Terre depuis des siècles, le Mayflower II a bénéficié de la contraction relativiste du temps de telle sorte que les passagers les plus âgés se souviennent de la Terre où ils sont nés. Par contre, la génération née à bord de l’immense vaisseau trouve de plus en plus oppressante l’autorité du capitaine et de l’équipage qui se cramponnent à leurs privilèges.
Les événements se précipitent lorsqu’une faction clandestine contacte Arthur pour le convaincre de diffuser une nouvelle inouïe : le Mayflower a bel et bien atteint sa destination, mais la planète habitable que les Terriens espéraient occuper est habitée. Le capitaine a décidé, dans le plus grand secret, de poursuivre le voyage après une escale aux confins du système pour ravitailler et réparer le vaisseau. Arthur est capturé avant d’avoir diffusé l’information, mais il est libéré de son emprisonnement par de mystérieux inconnus qui s’avèrent provenir de la planète en question. Les aventures qui s’enchaînent ensuite lui permettront de jouer un rôle crucial pour dénouer la crise et empêcher un affrontement meurtrier entre le Mayflower II et les planétaires.
Willett annonce un hommage à Heinlein qui tient surtout dans le ton et dans le choix de faire de l’histoire un roman d’apprentissage. Arthur n’est plus un jeune homme, mais, au début de la trentaine, il se cherche encore une place dans la société fermée du Mayflower. D’une péripétie à l’autre, il gagne en assurance. En fin de compte, les circonstances font de lui, au moment crucial, l’homme providentiel à qui il incombe de ne pas se tromper. Et il ne se trompe pas. L’écriture alerte de l’auteur captive le lecteur jusqu’au bout. Comme dans le roman antérieur de Willett, Marseguro, la tension dramatique de la conclusion repose sur la menace d’une apocalypse qui menacerait la survie de l’humanité, à tout le moins dans le système de la planète Peregrine. Si cela peut sembler exagéré, le procédé demeure efficace précisément parce que le protagoniste de Willett reste, jusqu’à la fin, une personne ordinaire avant d’être exemplaire.
Jean-Louis TRUDEL